Le triangle d’exposition en photo c’est quoi ?

Vous avez entendu parler du triangle d’exposition mais vous ne savez pas ce que c’est ? Vous voulez comprendre comment cela fonctionne ? Vous voulez apprendre à vous servir du mode manuel de votre appareil ? Vous êtes au bon endroit ! Je vous explique tout dans l’article ci-dessous.

Publié par Hector Houlet, le 19 septembre 2024.

schéma illustrant le concept du triangle d'exposition

Sommaire

Qu'est-ce que l'exposition d'une photo ?

L’exposition en photographie est un paramètre E.S.S.E.N.T.I.E.L. Elle correspond à la quantité de lumière qui atteint le film (ou le capteur si vous faîtes du numérique) lorsque vous prenez une photo. Je parie d’ailleurs que vous vous êtes déjà retrouvé avec une image trop sombre (sous-exposée), ou même trop claire (surexposée). L’exposition est la coupable ! 

La sous-exposition

Une photo sous-exposée, c’est une photo qui est trop sombre. Cela signifie généralement que la pellicule n’a pas assez été exposée à la lumière. Le risque principal avec un film trop peu atteint par la lumière est de perdre des détails, notamment dans les zones les plus sombres de l’image, au point de parfois boucher les noirs. Sauf cas extrême, il est généralement possible de tenter un rattrapage lors du développement du film afin de corriger l’erreur d’exposition. 

La surexposition

À l’inverse une photo surexposée signifie que la pellicule a été trop exposée à la lumière. L’image résultante est donc trop claire avec des blancs très très souvent cramés. Là où une photo sous-exposée est souvent sauvable, il est bien plus difficile de rattraper une image qui a été surexposée. Cela s’explique par le fait que lorsque les matériaux qui constituent la surface photosensible de votre pellicule ont été atteints par trop de lumière, ils ne peuvent plus enregistrer d’information. Ils ont fait une overdose de lumière. RIP.

L'exposition parfaite n'existe pas !

Évidemment, vous pouvez être obligé de sous-exposer ou surexposer une image, le contre-jour en est le parfait exemple. Il vous faudra sacrifier le fond trop lumineux ou bien votre sujet trop sombre afin de photographier l’un des deux. Certains modifient également volontairement l’exposition de leurs images dans un objectif purement artistique. Les raisons de le faire sont presque infinies !

Pour ajuster votre exposition il vous faudra jouer avec les IL/EV/stops/diaphs… Mais cela fera l’objet d’un futur article ! 😉

3 abres au coucher du soleil
La photo a été volontairement sous-exposée pour capturer les détails du ciel et l'ombre des arbres.
Le ciel a été surexposé afin de pouvoir capturer les détails du paysage verdoyant.

L’exposition est donc le paramètre qui correspond à ce qui est appelé communément la « luminosité » d’une image. Elle est déterminée par 3 paramètres qui constituent le célèbre triangle d’exposition.

Qu'est-ce que le triangle d'exposition ?

Le triangle d’exposition est le concept qui permet d’illustrer l’impact qu’a le photographe sur l’exposition de ses images lors de la prise de vue. Cette triade est constituée de l’ouverture, la vitesse et la sensibilité. Je suis d’ailleurs persuadé que vous en connaissez déjà au moins un ou deux. Laissez-moi tout de même vous rappeler ce à quoi ils correspondent.

L'ouverture

Elle se réfère à la taille de l’ouverture du diaphragme (vous savez, ce petit truc qui s’ouvre plus ou moins dans l’objectif) à travers laquelle la lumière entre dans l’appareil photo. Elle est mesurée en f/stops (comme f/1.8, f/4, f/8, etc.). Ce chiffre correspond au calcul suivant :

ouverture (f/) = distance focale / diamètre de l’ouverture

Ainsi par exemple, un objectif de 100mm (distance focale) et dont le diamètre de l’ouverture maximale serait de 25mm correspondrait à un 100mm f/4 car 100/25=4. Ce calcul mène d’ailleurs à quelque chose d’assez contre-intuitif. Plus votre ouverture est grande, plus le nombre derrière le f/ est petit. Plus elle est petite, plus le nombre f/ est grand. Pensez donc à faire attention.

En plus d’avoir un effet sur l’exposition, l’ouverture a également un effet sur la profondeur de champ ! En effet, plus vous ouvrez et laissez passer de lumière, plus votre profondeur de champ sera courte (ce qui est aussi contre-intuitif je vous l’accorde). Cela vous permettre donc d’obtenir un effet de flou d’arrière plan, autrement appelé bokeh. À l’inverse, plus vous fermez le diaphragme, plus la profondeur de champ sera longue et la zone de netteté importante. C’est d’ailleurs pour ça que vous verrez souvent des photographes de paysage ou de street shooter à de petites ouvertures (grands chiffres f/). 

Image illustrant les effets de l'ouverture
L'ouverture impacte également la profondeur de champ.

La vitesse

La vitesse d’obturation, également appelée temps d’exposition, détermine la durée pendant laquelle la pellicule est exposée à la lumière. Elle est exprimée en fractions de seconde (comme 1/1000, 1/250, 1/60, etc.) ou en secondes entières. Les vitesses les plus courtes sont donc celles avec le plus grand chiffre derrière le « 1/ ». Les vitesses longues, plus rarement utilisées n’apparaissent, quant à elles, pas toujours sur le boîtier. Il vous faudra donc utiliser le mode Bulb (vous contrôlez la durée d’ouverture du rideau/obturateur manuellement) si vous souhaitez effectuer une pose très longue.

En plus d’avoir un effet sur l’exposition, la vitesse a également un effet sur les flous de mouvement et de bougé ! En effet, une vitesse d’obturation rapide (un temps d’exposition court) laisse entre peu de lumière et permet de figer des objets en mouvement rapide, évitant ainsi le flou de mouvement. À l’inverse, une vitesse d’obturation lente (un temps d’exposition long) laisse entrer plus de lumière, ce qui est utile dans des conditions de faible luminosité mais peut générer des flous si le sujet (flou de mouvement) ou le photographe (flou de bougé) effectue un mouvement.

Image illustrant les effets de la vitesse
La vitesse d'obturation peut générer des flous de mouvement et de bougé.

La sensibilité

La sensibilité, exprimée en ISO (anciennement en ASA, DIN, GOST…) désigne la capacité de la pellicule (ou du capteur) à réagir à la lumière. Elle est mesurée selon une échelle ISO (International Organization for Standardization), avec des valeurs telles que 100, 200, 400, 800, etc. Une sensibilité ISO faible (comme ISO 100 ou 200) nécessite plus de lumière pour obtenir une exposition correcte, mais produit généralement des images de meilleure qualité avec moins de grain. En revanche, une sensibilité ISO élevée (comme ISO 1600 ou 3200) permet de prendre des photos dans des conditions de faible éclairage sans avoir à utiliser de temps d’exposition plus long. Cet avantage génère néanmoins une augmentation du bruit et une réduction de la netteté.

C’est le seul paramètre du triangle qui présente une différence réelle entre argentique et numérique. En effet, là où les appareils digitaux permettent aujourd’hui de régler la sensibilité du capteur à chaque prise de vue, les pellicules n’offrent pas cette opportunité. En argentique, une fois le rouleau de film choisi, vous devez photographier l’entièreté de celui-ci en respectant, en principe, sa sensibilité ISO ! Cela rajoute un petit niveau de difficulté dans la maîtrise du triangle d’exposition, car vous ne contrôlez seulement que 2 paramètres lors de la prise de vue.

Image illustrant les effets de la sensibilité ISO
Plus la sensibilité ISO est haute, plus du grain est présent.

Comment fonctionne le triangle d'exposition ?

« C’est bien gentil tout ça mais ça ne nous dit pas du tout ce qu’est le triangle d’exposition ! ». Je vous vois déjà venir. Patience, on y arrive ! 

Les trois paramètres que nous venons d’évoquer évoluent de manière différente et influent sur des éléments distincts. Pourtant, ils sont tous liés. Les réglages de l’ouverture, de la vitesse et de la sensibilité, parce qu’ils impactent l’exposition, peuvent se compenser mutuellement. Ainsi, si vous modifiez votre ouverture, et que cela impacte votre exposition, vous pouvez compensez celle-ci grâce à la vitesse ou à la sensibilité. 

Je vous ai résumé le concept du triangle d’exposition dans le tableau ci-dessous. Nous allons utiliser l’indice de lumination (IL), aussi appelé EV (Exposure Value), stop ou diaph, pour expliquer le principe. Cet indice correspond à une mesure de la lumière qui atteint la pellicule. De ce fait, en partant de votre exposition de base, si vous doublez la lumière, vous augmentez d’1 IL, si vous réduisez par 2 la quantité de lumière, alors vous baissez d’1L. Simple.

Prenons un exemple : vous avez une pellicule de 200 ISO dans votre appareil, votre vitesse est de 1/60e et votre ouverture est de f/5.6. Vous souhaitez passer à une vitesse plus rapide, disons 1/250e, tout en conservant l’exposition initiale. Si l’on se réfère au tableau, vous avez donc décalé votre vitesse de deux cases vers la droite, soit -2IL. Si vous souhaitez conserver la même exposition, vous allez devoir compenser pour gagner +2IL. En décalant f/5.6 de deux cases vers la gauche, vous obtenez votre nouvelle ouverture : f/2.8 !

Pour que vous saisissiez mieux ce concept du triangle d’exposition je vous ai préparé quelques petits exercices à retrouver sous le tableau ! 😉

Quelques exercices

Pour savoir si vous avez tout compris au triangle d’exposition, cliquez sur les boutons et découvrez les réponses justes.

Attention ! Afin de compliquer un peu les choses, et pour satisfaire les utilisateurs de numériques, les ISO sont un réglage variable dans ces exercices ! 

Exercice 1

Exposition de base : 400 ISO, f/8, 1/500e. Vous passez vos ISO à 50. En modifiant l’ouverture OU la vitesse, comment compenser pour conserver la même exposition ?

Voir la réponse :

Exercice 2

Exposition de base : 50 ISO, f/11, 1/125e. Vous passez votre ouverture à f/5.6. En modifiant les ISO ET la vitesse, comment compenser pour conserver la même exposition ?

Voir la réponse :

Et oui ! Grâce au triangle d’exposition, il est possible de compenser une variation d’exposition en modifiant les deux autres paramètres simultanément. L’important est que la différence d’IL soit comblée de manière exacte. 

Exercice 3

Exposition de base ISO 800, f/1, 1/60e. Vous passez votre vitesse à 1/250e. En modifiant l’ouverture, comment compenser pour conserver la même exposition ?

Voir la réponse :

Félicitations, vous possédez un objectif qui ouvre à f/1, vous êtes riche ! Mais vous n’avez pas pu résoudre ce dernier exercice… Parfois, vous atteindrez certaines des limites de votre matériel. Ici, vous ne pouvez pas plus ouvrir le diaphragme, vous devrez donc monter vos ISO à 3200 (+2IL, mais vous le saviez déjà) au risque d’obtenir plus de bruit numérique. Et oui… numérique seulement car, rappelez-vous, vous ne pouvez pas modifier la sensibilité ISO de votre pellicule. Vous auriez été coincé. Vive l’argentique ! 😀

Le triangle d’exposition c’est aussi surtout ça, au delà de compenser, c’est avant tout une histoire de compromis !

Conclusion

Ça y est, vous savez désormais tout sur le triangle d’exposition et les liens qui lient la vitesse, l’ouverture et la sensibilité ! Vous allez enfin pouvoir vous servir du mode manuel de votre appareil photo.

Rappelons rapidement une dernière fois les impacts qu’ont ces trois paramètres sur vos photos :

  • L’ouverture : plus le diaphragme est ouvert, plus l’exposition de l’image sera importante. À l’inverse, plus il est fermé, moins la lumière atteindra la pellicule (ou le capteur). L’ouverture a également un impact sur la profondeur de champ (le flou d’arrière plan) et la netteté.
  • La vitesse : plus votre vitesse est longue, plus votre photo sera exposée. Inversement, plus votre vitesse est courte, moins la lumière entrera dans l’appareil. La vitesse joue aussi un rôle sur les flous de mouvement et de bougé.
  • La sensibilité : plus vous choisissez une sensibilité haute, plus l’exposition sera importante. Si vous optez pour une sensibilité basse, alors vos images seront moins exposées. Les ISO ont également un impact sur la quantité et la taille du grain (en argentique)/du bruit (en numérique).

Vous allez donc devoir jongler avec ces trois réglages et apprendre à utiliser le mode manuel de votre boîtier. Ce n’est pas facile au début mais à force d’entraînement, vous finirez par devenir le maître du triangle d’exposition et de la créativité ! 😉

Laisser un commentaire